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mercredi 3 juin 2009

LE DRAME DE L'INTELLECTUEL DE LA PERIPHERIE

Devant l'exigence vitale des formations sociales africaines de reconsti¬tuer l'harmonie de la triade sociale infrastructure - superstructure - indi¬vidu, l'ethnophilosophie convie à une hypertrophie du niveau superstructurel. Elle nie l'imposition de l'infrastructure européenne et les fissures axiologiques qu'elle entraîne dans la superstructure. L'ethnophilosophie est l'illusion que l'intégralité de la superstructure africaine restera telle et qu'ainsi le problème essentiel de l'Afrique réside dans une importation des infrastructures européennes. Tout se passe comme s'il ne s'agissait que de remplacer l'infrastruture africaine par l'infrastructure européenne pour que la triade sociale africaine se stabilise

Dans l'optique de l'ethnophilosophie, le développement se pense en termes d'usines clefs en mains, de grandes réalisations hydroélectriques, d'intensification de l'agriculture. ce fut donc, dès les indépendances une approbation totale de l'infrastructure européenne, sans souci des consé¬quences iréluctables de celle-ci sur la triade sociale africaine, étant donné l'apparente étanchéité de la structure idéologique africaine. En vérité, ce oui total à l'infrastructure européenne, symétrique à une apologie des valeurs africaines, est le oui total d'un continent à son exploitation, à sa soumission à la fonctionnalité, à la rationalité et à l'instrumentalité capitalistes. 
Quant au courant moderniste, il continue l'ethnophilosophie car il est la conséquence du réaménagement de l'idéologie de la mission civilisatrice, la conséquence de sa transformation en idéologie du développement. Le courant moderniste est la croyance selon laquelle, par l'acquisition des sciences et techniques européennes - "le secret de la puissance occidentale" - les nations dites sous-développées peuvent refaire leur retard sur les n~tions dites développées. Le courant moderniste est le oui total à la science trIomphante et conquérante, à l'unilatéralisation du monde, à l'illusion entr~t~~ue par l'Occident que son âge adulte est l'ultime et extrême ~osSlblhté de l'histoire humaine. Il vérifie cette prémonition du personnage 
e la Grande Royale de L'Aventure ambiguë de C.R. Kane : «L'école où je pouss n.os enfants tuera en eux ce qu'aujourd'hui nous aimons et conservns avec S01l1, à juste titre. Peut-être notre souvenir lui-même mourra-t-il en eux. Quand ils nous reviendront de l'école, il en est qui nous reconnaîtront pas.

L'ETHNOPHILOSOPHIE EUROPÉENNE

L'ethnophilosophie porte en toile de fond, la conception progressiste df; l'histoire, selon laquelle les sociétés évoluent d'un point alpha vers un point oméga mega. Mais dans cette conception, de1;lx tendances s'affrontent: l'unI': considère que l'évolution de l'humanité est une dégradation de sa nature, et la seconde croit que l'humanité s'améliore dans son développement selon des stades déterminés. Dans les deux cas, l'Afrique n'est qu'une pièce à conviction, un argument pour enlever la décision. 

QU'EST CE QUE L'ECOLE ?

L'école en tant qu'institution est la conséquence de la division sociale du travail. Elle est la reconnaissance de l'éducation comme fonction différen ciée. Elle marque un stade où ni les parents, ni les groupes quelque peu différenciés ne peuvent transmettre des savoir-faire qui sont devenus trop complexes pour être partagés par tous. 
Cependant elle a toujours le même but que l'éducation de la famille qu'elle est sensée prolonger. Elle vise essentiellement à réaliser, dans une société donnée, en un temps donné et selon une politique arrêtée, l'être social de l'homme, ensemble de ce que E. Durkheim appelle "l'être individue]" et de l'être «élément du groupe".